mardi 15 mai 2007

231 - Un signe dans la nuit

C'était la nuit, j'étais au volant de ma voiture. Parti de Paris, je roulais depuis plusieurs heures déjà et j'étais à présent en pleine campagne, sur les petites routes sinueuses et isolées de ma province. Le spectacle paisible de la Lune suspendue au-dessus de la campagne me portait naturellement à la méditation, comme tout un chacun. Et je laissais vagabonder mon esprit, mon regard passant sans cesse de la route à la Lune... J'étais encore loin de ma destination finale, et mon véhicule filant au coeur de la nuit semblait accompagner les étoiles dans leur course sans fin. Je conduisais maintenant machinalement.

Pénétré par le tableau extatique de la campagne immense qu'éclairait la pâle Sélénée, je m'égarais avec délices dans les horizons nocturnes, les profondeurs champêtres et les astres. Mais aussi dans des espaces plus intérieurs : sous l'effet de ces beautés simples et intemporelles, je sentais ma sensibilité mystique s'aiguiser, mon âme s'éveiller à des causes subtiles. Et, tout à mes molles errances, une interrogation impérieuse s'imposa à moi : "si les anges gardiens existent, où est donc le mien ?" Et je me surpris à le prier de se manifester en cette nuit si propice... Vue de l'extérieur cela pouvait paraître saugrenu, mais intérieurement la question était essentielle, vitale.

Je demandais un signe. Rien qu'un signe. Juste un signe que m'adresserait mon ange gardien pour me prouver qu'il existe effectivement et qu'il veille sur moi.

Je roulais ainsi dans la nuit, attendant sottement un hypothétique signe de mon ange gardien lorsque soudain je fus tiré de mes rêveries : devant mes phares surgit une forme claire, et deux ailes immenses se déployèrent en rasant le pare-brise de ma voiture. J'eus un sursaut de surprise. Et ayant craint que l'animal ne provoquât un stupide accident, je pestai aussitôt contre ce volatile de malheur. En même temps je me traitai d'imbécile pour avoir failli provoquer un accident, la tête dans les étoiles au volant, à la recherche de mon ange gardien... Mais je me ravisai assez vite. Le signe... Je reconnus parfaitement la forme de cet animal dans mes phares. C'était un oiseau certes, mais nullement un oiseau de nuit, bizarrement. C'était un blanc, un grand, un bel oiseau.

Un cygne.

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