mercredi 16 mai 2007

245 - Un rendez-vous sous des ogives

Mademoiselle,

Au son de votre voix entendue au téléphone, j'ai frémi. Voix de femme imposante, charnelle, chaude, brillante, impériale. C’est la voix profonde et posée, admirable et terrible, envoûtante et fatale de l’Eve éternelle, irrésistible créature au mortel venin.

Laissez-moi vous confier ici combien il me brûle d’être confronté à vos lèvres tentatrices, à vos appas voilés, à tous vos charmes visibles et invisibles, obscurs et mystérieux, ostensibles et manifestes, secrets et ténébreux... En dépit de mes effrois de garçonnet qu’émoustille votre blanc corsage.

M’offrirez-vous sous les augustes ogives de la cathédrale le miel défendu issu de votre haleine de femme ? Mêlerai-je à la vôtre la brûlante écume de mon souffle ? Pourrai-je répandre entre vos lèvres expiatrices, sous votre palais consentant, jusqu’au fond de votre gorge offerte la sève vive de mes baisers impurs, livrée pour vous, et pour vous seule, en souvenir de notre longue amitié et en rémission de mes péchés futurs les plus charnels ?

Je le confesse : je souhaite être la cause de vos plus secrètes pâmoisons. Goûtons à une once d’éternité le temps de quelques soupirs exhalés dans la chaste pénombre du gothique édifice... Faisons en sorte que nos lèvres se croisent le moins modestement possible sous le regard impassible des saints dignement statufiés.

Je vous désire non seulement charnellement, mais encore chastement. Je souhaite avec une égale fièvre accéder à la fois à votre vierge hymen et à votre sainte auréole : j’aimerais que vice et vertu mêlés forment votre couronne de femme, la seule véritablement qui puisse en tous cas séduire les débauchés de mon espèce. J’ai autant soif de romanesques amours que de poétiques émois. Luxure et tempérance mêlées, sensualité brutale et délicatesse de l’âme combinées, puritanisme bourgeois et dérèglements libertins joints forment une ivresse incomparable propre à émouvoir le plus blasé des apôtres de Casanova. Cette ivresse est un mets rare digne de l’esthète et souverain amant que je suis.

Ouvrez à moi votre âme, en prélude à votre fleur dont j'ignore d'ailleurs si elle est encore scellée. Vierge ou pas, sachez que j’ai votre hymen à conquérir sous les dômes gothiques de Chartres : une prouesse à ma portée, un sacrilège permis.

Je baise votre front honnête, votre main décente, votre coeur austère, en attendant de me perdre dans la flamme venimeuse de vos prunelles.

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