mercredi 16 mai 2007

247 - Le prix de la chair

Mademoiselle,

Si vous avez gagné en appas et séductions dans le monde, je crains que vous ne soyez en train de démériter en plus digne société... Impertinente jeune fille ! Vous repoussez mes avances, cependant vous prenez activement part à un commerce qui, s'il diffère dans la forme à celui qui nous liait hier, n'en demeure pas moins semblable quant au fond : je sais qu'un nouvel hyménée fait battre votre coeur. Et celui qui nous unissait autrefois semble vous inspirer aujourd'hui de bien piètres sentiments...

Il suffit donc qu'un galant de commune société, qu'un pâle godelureau, qu'un drôle, qu'un luron issu de la roture se pique pour vos yeux, s'enquière de l'aspect de votre gorge, de vos flancs ou de que sais-je encore, pour que vous calomniez subitement les doux rêves qui vous unissaient secrètement à moi, jadis.

Allons, gageons que l'existence recèle encore des filons secrets qui font espérer des ans meilleurs, des coeurs meilleurs, et puis des nuits inconnues, paisibles et étoilées. Allez donc sacrifier votre innocence sur l'autel du plaisir charnel, allez perdre au nom de je ne sais quelle nouvelle mode inaliénable la fleur de votre jeunesse, allez lasser votre coeur dans des intrigues ordinaires où des mortels sont aux prises avec l'anodin, le quotidien, l'inanimé. Allez offrir sans cérémonie votre hymen au plus offrant de vos amants, allez faire tout cela si le coeur vous chante Mademoiselle, mais après ces banales turpitudes, de grâce, poursuivez un rêve impossible en ma compagnie : rêvons d'amour, d'Amour, d'AMOUR.

Revenez à moi, belle et perfide enfant.

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