mercredi 16 mai 2007

258 - Un élogieux outrage

Madame,

Puisqu'une circonstance aussi impérieuse que votre coeur de femme hier offensé, presque brisé, exige que je m'amende, je me plie sans faillir à mon devoir d'honnête homme, plus galant que mondain et moins injurieux que je ne le fus l'autre jour, soyez-en persuadée. C'est avec une joie exempte de malice que je m'acquitte ici de ma dette. Je vous répéterai donc mes mots d'amour en des termes plus chastes, ceux de ma précédente missive vous ayant à ce point déplu.

Je vous aime avec coeur certes, et c'est bien sot de le dire. Mais je vous aime aussi avec manières, avec caprices, avec artifices. C'est l'amour ludique, joyeux, léger. Accédez à ma joie.

Je vous aime encore avec mensonge, avec noirceur, avec cruauté, et c'est l'amour diabolique, méchant, pervers. Acceptez mes défauts.

Je vous aime aussi avec un cierge naissant à la place du coeur et c'est pourtant l'amour outrageant, éhonté, profane. Agréez à mes prières.

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