mercredi 16 mai 2007

261 - Amoureux et mystique

Triste mie,

Vous êtes la flamme de mon ciel, la paille de ma couche, la pierre de ma tombe. Je crois en la survie définitive de l'âme après la mort du corps, au triomphe universel de l'amour... Dans votre regard laissé au Vieux-Mans, j'ai lu comme dans une Bible.

Vous aviez les yeux de l'espoir, de la tristesse, du mystère. Par-delà votre visage, vos cheveux, vos mains, je voyais un autre monde. La cathédrale devenait transparente, et des horizons sans fin s'ouvraient devant moi. Conscient que le monde n'était qu'une simple formalité matérielle cachant l'infini, je me laissais emporter par une joie spirituelle. J'éprouvais le vertige des âmes initiées et instruites. Je me posais des questions sans réponses, et mes questions formaient en elles-mêmes les réponses. J'interrogeais le Ciel, vos yeux me répondaient. Je questionnais votre regard, scrutais votre front, cherchais en vous les profondeurs cachées du monde... Les cloches de la cathédrale me répondaient.

Vos yeux me faisaient face, grands ouverts, mais c'est votre âme que vous me montriez. Votre visage plein d'ombres et de lumières, de rocaille et de pureté avait les charmes abyssaux, obscurs et éclatants des cathédrales gothiques.

J'entrais dans votre âme comme on passe le seuil d'une église. Vous étiez devenue une statue. Une sorte de pietà. Pâle, frêle, éthérée. Vous étiez belle, autant que peut l'être une pierre taillée. Un caillou fait à l'image d'un ange. Avec vos allures minérales et stellaires, je voyais en vous une désincarnée.

Comme dans un rêve pénétrant et mystérieux, vous m'avez quitté sous la pluie froide tombant sur la vieille ville mélancolique. Je revois encore la cathédrale Saint-Julien dans la grisaille de cette fin de matinée. Je me hâtais de rentrer, grelottant sous l'onde, perdu dans mes pensées, le pas décidé, l'âme légère.

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