samedi 19 mai 2007

560 - Les mots de l'amour

Alphonse fait une déclaration amoureuse écrite à la fille de la fermière, la grosse Marie.

La Marie,

Ma lettre que tu vas lire va te faire un étonnement incroyable, mais je vais te dire avec mon âme toute nue ce que je dois te dire.

Voilà la Marie, c'est que je t'aimions.

C'est pas que t'es tellement belle, non c'est pas ça. T'as pas la figure d'une beauté et tu es même plutôt pas jolie à voir de ce côté-là mais en tout cas t'as du téton, t'es pas une fainéante et pis faut dire aussi que t'as un sacré gros cul de fumelle, ce qui fait que je t'aime bien. Tu feras de beaux zéfants dans un beau mariage. Moi j'ai du bien, je suis un homme avec des couilles dedans et je te demande ta main en mariage.

Je sais que t'es dure au labeur, tu seras pas compliquée à nourrir vu que tu travailles comme un boeuf aux champs et pis à la cuisine. Je t'aimions la Marie. Je suis pas fort pour jouer les écouillés de bureaucrates avec une plume dans la main pour dire des choses de l'amour, mais je te le dis avec mon coeur qu'a des couilles dans le cul. Pis des grosses la Marie crois-moi, vu que je suis pas une tapette de citadin de la ville.

Avec ton gros cul tu me pondras des héritiers la Marie. C'est que je t'aimions. Je ne sais pas te dire ces choses-là mais je vais te le dire aux noces avec autre chose qu'une plume dans la culotte ! Je suis pas doué pour les écritures mais je pourrai t'engrosser du premier coup. J'avions de bonnes couilles pour t'ensemencer la matrice. Vu que t'as un gros cul on pourrions faire des gosses dans le mariage. La Marie, il faut que tu saches que je suis un gars sérieux qu'a du bien engrangé dans ses économies.

Pour toi la Marie je mettrai mes sabots du dimanche pour te faire ma déclaration d'engrossage. Je t'offrirai des patates, des bonnes grosses patates de mes champs, des patates grosses comme mes couilles, pas des "pommes de terre" de la ville pour mauviettes. Je te donnerai tout mon amour que je t'aime bien, ça ne mange pas de pain et ainsi je ferai des économies dès le premier jour du mariage vu que l'amour que j'ai pour toi non seulement ne s'usera jamais, mais surtout ne coûtera jamais un centime. Je ferai un bon mari qui jette pas son bien par la fenêtre : je t'aimerai toute ma vie à l'économie.

Je t'aimions la Marie. T'es pas belle non, ça je peux pas dire le contraire. J'aime bien ton odeur, de loin. Tu sens l'honnêteté, la sueur, la farine et pis aussi la fumelle. Quand je te regarde en fermant les yeux, je t'imagine que t'es une princesse qu'a une face plus belle que tu n'as, alors je t'aime encore un peu plus jusqu'à temps que je rouvre les yeux. Heureusement que t'a un gros cul la Marie, sinon je t'aimerions moins. Le beauté que t'as pas, je la remplacerai par mon imagination. Ca coûtera jamais un seul sou. C'est ça qui est bien avec l'imagination. Je suis un économe-né. Je ferai un bon époux. La Marie, j'aime bien quand tu parles pas. T'es pas une fainéante, toi.

Voilà, j'espère que ma demande t'auras fait montrer que mes sentiments à ton hangar sont sincères et loyals comme des chevals fous, sans noyaux ni pépins et que le but de ma démarche est de pas seulement de me purger les boyaux dans tes treux mais aussi de vider mon coeur avec ces mots que tu liras, même si y sortent pas d'un livre de fainéant d'savant.

Alphonse qui t'aimions

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Réponse de la Marie à Alphonse.

Alphonse,

J'ai bien reçu ta belle déclaration d'ensemencage. J'ai été très émue, touchée jusqu'aux rognons par ta lettre. J'ai failli pleurer. Mais comme j'ai des couilles moi aussi, finalement j'ai pas pleuré. J'ai de qui tenir.

Tu es un grand sensible Alphonse et j'aime pas ça. Même si c'est bien beau ce que tu m'as écrit, je suis pas une femme qu'on achète avec des mots doux. C'est-y que tu me prendrais pour une demoiselle avec des dentelles autour, des fois ? L'Alphonse, je suis pas une fille de la ville qu'on conquérit avec des mots de la plume pour lui faire des séductions à la noix... Tu m'as déçue de ce côté de la vérité, je suis obligée de t'éconduire de ta demande.

T'as de la couille l'Alphonse, ça je dis pas le contraire. C'est même ta grande qualité que je reconnais. Tu m'aurais comblée par le côté de la chose, c'est sûr. Mais moi j'attends de mon prince charmant qu'y cause pas comme une fainéante de pucelle de mes deux, j'attends un fouteux de sabotard, un qui m'enfourne sa matraque dans la viscère-à-foutre sans bavardages inutiles.

L'Alphonse, je veux pas t'offenser en t'enfonçant mais t'y parle de la bouche avec des pincettes comme une marquise à fanfreluches qu'aurait perdu ses couilles... On dirait que tu reviens de la ville avec des mauvaises habitudes que t'aurais prises dans les beaux quartiers de la sous-préfecture, là-bas à la Ferté-Bernard où que les bourgeois y z'ont des cabinets à la ouateur-claused dans les maisons... Je te reconnais plus Alphonse. J'attendais que t'y causes moins, pis que tu viennes me la mettre sans te répandre avec des mots qui font pleurer. Mais j'ai pas pleuré.

Ca pourra jamais marcher entre toi et moi : je crois bien que j'ai plus de couilles que toi l'Alphonse.

La Marie

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